Le maintien d'une relation de confiance, authentique, réciproquement loyale.
Face au malade, il ne s'agit pas simplement de dire ou ne pas dire, mais il faut tout un travail d'accompagnement, comportant obligatoirement l'établissement d'une relation de confiance entre le médecin et le malade. Ce travail d'accompagnement englobe également les soins corporels, le soutien psychologique, la réflexion spirituelle, le soutien de la famille. On ne peut le réduire à la simple révélation.
Pour que cet accompagnement, cette relation soit vrai, il faut que le mensonge en soit exclu. En effet, le refus d'information et l'information mensongère sont toutes deux incompatibles avec la confiance.
Là encore, il faut refuser la conception de personne amoindrie par la maladie, qui ne serait plus digne d'estime. S'il est digne d'estime, on ne peut donc lui mentir.
Pour la confiance mutuelle aussi, l'authenticité est indispensable. Il est difficile pour un malade de remettre son sort entre les mains d'une personne qui lui dissimule quelque chose, ce dont il s'apercevra tôt ou tard.
"Une fin lucide et apaisée est préférable à une mort révoltée; elle est favorisée par une relation honnête - avec le patient comme avec l'entourage - qui témoigne le mieux, jusqu'au bout, de la vie et elle favorise grandement le travail des proches survivants."
La participation à la lutte contre la maladie.L'information est indispensable pour participer au traitement (même si celui-ci n'a pour but que de pallier à la souffrance), et pour mobiliser ses ressources psychiques.
La possibilité de structurer son expérience.L'information vraie permet au malade de sortir du brouillard, de l'incohérence dans lequel la dissimulation l'avait plongé. Il peut enfin reconstituer les morceaux du puzzle permettant de comprendre ce qu'il est en train de vivre. Ce faisant, il peut jeter un regard nouveau sur son existence, se questionner sur son sens et celui de la maladie. Cela peut l'amener vers un cheminement spirituel positif.
Le malade est le premier concernéIl faut considérer le malade comme étant au centre du système de soins, et non pas ses proches, le médecin ou la médecine.
La conception de la maladie en tant que phénomène amoindrissant le malade, n'en faisant plus un interlocuteur valable est bien ancrée et porte les médecins à se rabattre, par facilité, sur la famille.
Il faut cependant renverser les tendances et affirmer que seul le malade est et reste le partenaire de l'intervention médicale. L'article 33 laisse là une ouverture aux médecins, qui s'y engouffrent trop facilement, nonobstant le secret médical envers des tiers, le détournant même de son but de protection, en l'appliquant à l'encontre du malade.
Rien ne devrait être dit sans l'accord du malade, en son absence ou hors des circuits de communication déterminés avec celui-ci et cela en raison du respect du au malade.
Le premier objectif est l'intérêt du maladeComme nous l'avons vu dans le chapitre consacré au point de vue juridique et déontologique, ce que le médecin doit toujours garder comme objectif, c'est l'intérêt du patient. Il est normal que celui-ci se pose des questions. Il est par contre anormal que le médecin n'y réponde pas, car ce mutisme est incompatible avec l'établissement d'une relation de confiance. Réciproquement, la relation ne se construit pas non plus par des réponses crues aux questions, car certaines réponses peuvent être nuisibles au patient et doivent être atténuées ou différées (On appelle cela l' " exception thérapeutique "). De plus, même dans une relation où la communication est parfaite, certains malades ne posent pas toutes les questions, par timidité, par maladresse ou parce qu'ils n'en mesurent pas les enjeux de certaines questions.
L'attitude du médecin sera donc :
- être ouvert à toute question.
- être attentif à la personnalité du malade.
- suggérer certaines interrogations.
Remarquons que les intérêts du patient sont intriqués et parfois contradictoires. Ainsi l'intérêt immédiat peut interférer avec l'intérêt à long terme : une nouvelle traumatisante peut être l'origine d'un ressaisissement du malade, l'aidant à aborder les épreuves et à les surmonter.
Il faut distinguer également dans le cas nous intéressant l'intérêt de voir sa vie prolongée au maximum, mais aussi celui de voir sa qualité de vie conservée à un niveau acceptable.
On peut également signaler les écarts existant entre l'intérêt personnel et l'intérêt social; entre l'intérêt organique et l'intérêt psychologique.
Encore une fois, il faut rappeler que seul le malade peut nous dire quels sont ses intérêts et le médecin doit éviter la projection des propres intérêts sur son patient.
Source: http://www.chez.com/barkokhba/verite.htm