Colorectal (cancer héréditaire sans polypose).
Il s’agit de la forme la plus fréquente de cancer colorectal héréditaire (environ 4 à 5 % des cas). Longtemps appelée « syndrome de Lynch » (du nom de la personne qui l’a décrite), cette maladie est actuellement dénommée « HNPCC » pour Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer. Ces cancers du côlon ont la particularité de se développer sur une muqueuse apparemment saine (et non pas à partir d’un adénome, comme c’est le cas pour les formes sporadiques) et prédominent du côté droit. Le syndrome HNPCC est héréditaire, transmis sur un mode dominant. Il existe des critères cliniques et généalogiques, dits critères d’Amsterdam, qui permettent d’évoquer ce syndrome : 1) au moins 3 sujets de la même famille atteints d’un cancer histologiquement prouvé (cancer colorectal, cancer de l’endomètre, cancer de l’intestin grêle, cancer des voies urinaires) ; 2) chacun de ces sujets est uni à l’autre par un lien de parenté au 1er degré, sur 2 générations ; 3) un de ces cancers, au moins, a été révélé avant l’âge de 50 ans.
Le diagnostic de ce syndrome HNPCC est important, car le risque cumulé à 70 ans de développer un cancer si le sujet est porteur d’une mutation est le suivant : environ 80 % de risques de cancer colorectal, environ 50 % de risques de cancer de l’endomètre, les autres cancers étant beaucoup plus rares (estomac, ovaire, voies urinaires, intestin grêle). Les cancers associés au syndrome HNPCC sont liés à une mutation constitutionnelle d’un gène de réparation des erreurs de replication de l’ADN (en anglais MMR gene, pour MisMatch Repair), qui se traduit au niveau de la tumeur cancéreuse par une accumulation d’erreurs non réparées (phénotype RER pour Replicating ERrors ou instabilité de microsatellites). En présence de critères d’Amsterdam complets dans une famille ou chez un sujet jeune dont le cancer du côlon présente une instabilité de microsatellites ou chez un patient atteint de cancer ayant des antécédents familiaux du spectre HNPCC, une consultation d’oncogénétique peut être proposée, en vue d’identifier une mutation constitutionnelle des gènes MMR. Cette recherche se fait chez le patient malade et peut être réalisée dans sa famille, en respectant des conditions éthiques et législatives strictes. L’intérêt du diagnostic génétique est lié à la prise en charge des patients ou des membres de leur famille porteurs d’une mutation : coloscopie de dépistage, dès l’âge de 25 ans, tous les 2 ans, puis jusqu’à 75-80 ans ; échographie transvaginale ou hystéroscopie simple dès 30 ans, tous les ans, jusqu’à la ménopause, en sachant que les cancers éventuellement dépistés se traitent de la même façon et ont le même pronostic que les cancers dits sporadiques.