Colostomie
Forme de stomie qui consiste en l’abouchement du côlon à la paroi de l’abdomen pour dériver le transit intestinal et les selles vers l’extérieur en cas d’obstacle ou de résection du gros intestin atteint par un cancer. La première est réalisée en 1839 par le chirurgien français J.Z. Amussat. C’est ce que l’on appelait un « anus artificiel », expression qui doit être aujourd’hui abandonnée. Elle peut être temporaire, pendant le temps nécessaire à la cicatrisation de sutures digestives et avant le rétablissement de la continuité digestive, ou définitive nécessitant alors une réadaptation. Les plus fréquentes sont les colostomies basses, iliaques gauches, où l’orifice est en bas et à gauche de l’abdomen ; elles offrent les plus grandes possibilités de réhabilitation fonctionnelle. Les colostomies hautes, transverses ou droites, sont le plus souvent temporaires ; elles donnent issue à des selles encore liquides, qui rendent l’appareillage difficile et se rapprochent des iléostomies (abouchement de la partie terminale de l’intestin grêle ou iléon à la paroi) qui entraînent l’émission de liquide digestif et non de selles.
Pour préparer le malade avant l’intervention, on l’informe sur les appareillages et les possibilités de régulation du transit, de préférence en présence d’un proche de son choix. Les soins locaux postopératoires doivent lui être appris le plus tôt possible après l’intervention, en fixant comme objectif son autonomie avant la sortie de l’hôpital ou de la clinique : la peau se lave uniquement à l’eau et au savon de Marseille, les poils éventuels sont tondus au rasoir électrique autour de l’orifice. L’alimentation est à surveiller pour éviter simplement les aliments donnant trop de gaz et éviter aussi bien constipation que diarrhée.
Le choix de l’appareillage conditionne en grande partie le confort futur. La diversité des modèles commercialisés permet de répondre à toutes les situations. La prescription du matériel, spécifiant le type de poche, le nom du laboratoire, la référence précise et le diamètre de l’orifice, tient compte de la morphologie et des activités de chaque patient, de son confort et de sa sécurité.
Chacun peut apprendre une technique dite « d’irrigation colique » qui vide complètement le côlon par lavement, et permet pendant 24 à 48 heures de ne munir l’orifice que d’un simple obturateur (compresse). L’apprentissage est relativement simple et améliore l’autonomie sociale et personnelle du colostomisé. Par ailleurs, il doit avoir connaissance des coordonnées de l’Association d’anciens malades stomisés la plus proche de son domicile.
Bon nombre de traitements sur le petit bassin ou pelvis, en particulier par chirurgie, affectent la sexualité. Quand la colostomie définitive succède à une amputation complète du rectum, plus d’un patient sur deux présente des troubles : chez l’homme, c’est une impuissance totale ou partielle, avec absence plus ou moins complète d’érection, d’éjaculation et/ou d’orgasme ; chez la femme, les rapports sexuels sont douloureux, la sensibilité génitale est émoussée, l’orgasme diminué ou absent. Liés à des lésions nerveuses ou vasculaires, ces troubles ne sont pas obligatoirement définitifs et nécessitent l’attention du patient, de son ou sa partenaire et de l’équipe de soins sur cet aspect de la qualité de vie.
La présence d’une colostomie aggrave généralement les difficultés organiques par la modification disgracieuse du schéma corporel qu’elle entraîne, en particulier chez la femme. L’appareillage (volume, bruit, fuites, odeurs) peut entraîner un isolement relationnel. En cas de crainte partagée par le partenaire et d’information insuffisante, la vie sexuelle s’éteint. On peut éviter ou prévenir un tel échec en informant clairement sur ces troubles et leur possible régression ou maîtrise. L’éducation vise l’autonomie revalorisante pour le patient. On doit rechercher la solution technique la moins gênante (par exemple irrigations coliques avec obturation de la stomie sans poche). Une relation confiante avec l’équipe soignante permet d’aborder avec le patient et son ou sa partenaire des détails intimes voire « techniques » : choix de sous vêtements, positions, lubrifiants. Une attention maintenue tout au long de la surveillance est enfin nécessaire.
Ainsi, malgré la modification importante du schéma corporel normal, les conséquences physiques et psychologiques de la colostomie peuvent être en partie corrigées par l’apprentissage de nouvelles habitudes de vie pour conserver au patient une existence personnelle et sociale proche de la normale.