Les informations qui suivent ont été fournies par Jean Maroun, MD, membre du conseil consultatif médical de l’ACCC.
Source : http://www.colorectal-cancer.ca/fr/traitement-cancer/nouveaux-traitements/
Il y a presque deux décennies le monde de la science bourdonnait de rumeurs concernant le potentiel des anticorps monoclonaux. Nous avons dû attendre un certain temps pour que ce potentiel se réalise, mais il est maintenant ici sous la forme de la cétuximab et de médicaments semblables.
Les anticorps naturels sont un type de protéine fabriquée par certaines cellules sanguines en réponse à une substance étrangère (antigène). Chaque anticorps peut reconnaître un seul antigène spécifique et s’y lier, et cette liaison permet à l’anticorps d’interférer avec le cycle de vie de l’antigène. Les anticorps monoclonaux sont fabriqués. Ils sont dérivés d’une cellule unique (mono) ou de sa descendance identique (clones) et, comme les anticorps produits naturellement, ils reconnaissent seulement une portion prédéterminée d’une molécule ; autrement dit, ils sont extrêmement spécifiques quant à ce à quoi ils vont se lier. Les anticorps monoclonaux sont un exemple de premier ordre d’une thérapie ciblée.
Mécanismes d’action de la thérapie ciblée :
Le médicament est un anticorps qui recherche des cellules malignes qui portent l’antigène cible et les tue ; le rituximab (nom de commerce : Rituxan), utilisé pour le traitement du lymphome non hodgkinien, est un médicament de ce genre. Les anticorps peuvent être combinés avec des radio-isotopes cytotoxiques (qui tuent les cellules), des médicaments cytotoxiques et des poisons cellulaires. Un exemple de ces médicaments est le gemtuzumab (nom de commerce : Mylotarg) combiné avec la calichéamicine (un poison de l’ADN) pour cibler les cellules sanguines leucémiques.
Le médicament possède des mécanismes concentrés qui agissent spécifiquement sur une cible bien définie ou un chemin biologique qui, quand on lui fait interférence, cause des régressions ou la destruction du processus malin. Un exemple de tel médicament est le trastuzumab (nom de commerce : Herceptin) pour le cancer du sein.
On a montré que deux médicaments ciblés qui appartiennent à ce second groupe sont efficaces dans le cancer colorectal : la bévacizumab et la cétuximab.
La bévacizumab (nom de commerce : Avastin) est un anticorps monoclonal fabriqué qui cible le facteur de croissance endothéliale vasculaire (VEGF). Le VEGF régule la prolifération et la perméabilité vasculaire (des vaisseaux sanguins), et il fonctionne comme un facteur de survie pour les vaisseaux sanguins nouvellement formés. Les tumeurs solides se fient à un dense réseau de vaisseaux sanguins pour croître et pour leur apporter les nutriments dont ils ont besoin. On a montré dans des études cliniques que le bévacizumab était efficace lorsqu’on l’utilise en combinaison avec la chimiothérapie dans un traitement de première ligne du cancer colorectal métastatique.
Le cétuximab (nom de commerce : Erbitux) est un autre anticorps monoclonal fabriqué, développé dans le but de cibler un récepteur de facteur de croissance épidermique. Dans un tissu normal, le facteur de croissance épidermique (EGF) est un parmi plusieurs facteurs de promotion de la croissance qui coexistent avec des facteurs d’inhibition de la croissance et qui régulent le développement des cellules. Dans une tumeur cancéreuse, cet équilibre est perturbé et le développement des cellules est accéléré. Dans certaines tumeurs malignes, dont font partie certains cancers du côlon, une partie du déséquilibre est générée par le EGF. La tumeur produit des quantités inhabituellement élevée de récepteurs pour accommoder le facteur de croissance. Cétuximab est conçu pour « s’amarrer » au récepteur et bloquer le EGF, privant ainsi le cancer d’un nutriment essentiel et affectant de façon négative la division, la réparation et la survie des cellules des tumeurs. Cétuximab a été évalué seul et en combinaison avec divers agents chimiothérapeutiques dans une série d’études cliniques. Pour le moment, il est reconnu comme utile aux patients affectés d’un cancer colorectal métastatique dont le traitement conventionnel a échoué ou qui ont développé une intolérance à l’irinotécan.