Santé mentale
Schizophrénie: des chercheurs mettent en évidence des anomalies génétiques
The Canadian Press
Par Malcolm Ritter , ASSOCIATED PRESS
31 juillet 2008
NEW YORK - L'absence de morceaux d'ADN bien spécifiques chez un individu augmente de façon spectaculaire le risque de développer une schizophrénie, selon les résultats de deux études internationales, qui pourraient contribuer à améliorer la compréhension et le diagnostic de cette maladie psychiatrique.
Les deux articles salués par des experts extérieurs à l'étude étaient publiés mercredi sur le site en ligne du journal Nature.
Rares, ces pertes d'ADN concernent moins de 1% des patients schizophrènes. Mais chacune d'entre elles multiplie le risque par 15. Les scientifiques comptent sur ces découvertes pour apporter un nouvel éclairage sur la maladie, notamment ses causes, et pouvoir ainsi mettre au point de nouveaux traitements.
Et s'ils finissent par découvrir suffisamment d'anomalies chromosomiques, elles pourraient être combinées pour mettre au point un test génétique d'aide au diagnostic, a déclaré Kari Stefansson, PDG de deCode Genetics, à Reykjavik, Islande, et auteur de l'une des deux études.
Actuellement, la schizophrénie est diagnostiquée par ses symptômes.
L'ADN humain peut être comparé à une corde de lettres très longue, environ trois milliards d'entre elles, qui composent parfois des mots ou gènes. Chaque nouvelle délétion d'un séquence équivaut à la suppression d'une section de 500.000 à deux millions de lettres.
Par le passé, les scientifiques ont découvert des gènes spécifiques et des délétions d'ADN liées au risque schizophrénique. Mais cette nouvelle recherche est notable, parce qu'indépendamment l'une de l'autre, les deux études ont identifié les deux mêmes délétions dans l'ADN, ces anomalies ayant un impact important sur le risque de maladie.
L'article de Stefanssons fait par ailleurs état d'une troisième delétion chromosomique.
Bien que ces pertes/mutations d'ADN ne concernent qu'une infime partie des cas de schizophrénie, il n'est pas inhabituel que la cause d'une maladie, même très rare, fournisse aux chercheurs une intuition qui soit généralisable, a déclaré le Dr Pamela Sklar, Massachusetts General Hospital, auteur d'un autre article. Selon elle, cette compréhension pourrait déboucher sur le traitement d'un grand nombre de personnes.
"C'est formidable" pour la recherche fondamentale sur la maladie, a estimé le Dr Linda Brzustowicz, de Rutgers University. Mais elle a ajouté que, ces anomalies génétiques ne concernant qu'une toute petite fraction de la population schizophrène, il était encore trop tôt pour proposer la réalisation d'un test à grande échelle.
L'article de Stefansson, auquel ont participé des auteurs provenant de plus de douze centres des Etats-Unis, d'Europe et de Chine, rapporte les résultats provenant de tests ADN effectués sur 4.700 personnes souffrant de schizophrénie et plus de 40.000 en bonne santé. L'article de Sklar, écrit par des scientifiques venant de 11 instituts américains, européens et australiens, teste environ 3.400 personnes schizophrènes et 3.200 autres.
Les deux articles soulignent que les délétions qui étaient rares chez les schizophrènes l'étaient encore plus chez les personnes en bonne santé mentale. Pour les scientifiques, la maladie n'est autre qu'une combinaison entre une prédisposition génétique et des facteurs environnementaux.
Les deux délétions chromosomiques découvertes par les équipes scientifiques multiplie le risque de maladie schizophrénique par 12 et 15, selon les évaluations de l'équipe de Stafansson. Une troisième délétion découverte par son équipe multiplierait le risque par trois.
Sklar s'est déclarée "absolument ravie", de la découverte des deux délétions indépendamment l'une de l'autre, à l'aide de deux méthodes différentes.
Pour Anne Pulver, une spécialiste de génétique de la schizophrénie, Johns Hopkins University, les articles sont les bienvenus pour la découverte des variants génétiques qui augmentent le risque de schizophrénie.
Traditionnellement, la recherche s'est limitée à des variations génétiques fréquentes qui n'ont qu'un faible retentissement sur le risque. La nouvelles approche étudie des variants plus rares mais qui jouent un rôle plus important. Elle devrait aider à identifier des sous groupes de patients dont les causes de la maladie sont différentes. Ce qui pourrait finalement aboutir à des traitements sur mesure pour les différentes causes biologiques, susceptibles de déboucher sur une amélioration.
Sur le Net:
Nature: http://www.nature.com/nature
Informations sur la schizophrénie: http://www.nimh.nih.gov/health/topics/schizophrenia AP
Source: http://www.santecheznous.com/channel_health_news_details.asp?news_id=353&news_channel_id=33&channel_id=33&relation_id=43107