Santé mentale
La stimulation magnétique au secours des dépressions rebelles
The Canadian Press
Par Lauran Neergaard , ASSOCIATED PRESS
21 octobre 2008
WASHINGTON - Le gouvernement américain vient de donner son accord à la mise sur le marché d'un stimulateur cérébral non invasif dans le traitement de la dépression. Recommandé en cas d'échec du traitement pharmacologique, cet appareil délivre des pulsions magnétiques à travers la boîte crânienne.
Le système "NeuroStar" avalisé par la Food and Drug Administration consiste en une stimulation magnétique transcrânienne (TMS): des décharges électriques de faible amplitude qui, à leur tour, provoquent l'allumage des cellules cérébrales.
"Nous ouvrons une ère de la médecine totalement nouvelle", a résumé le Dr Mark George, de l'Université médicale de Caroline du Sud, Charleston.
Cette approche a été approuvée exclusivement pour des patients n'obtenant aucun soulagement de leur premier traitement par antidépresseurs. Elle n'entraîne pas les mêmes risques que les électrodes implantés, ou les électrochocs.
Alors que le besoin d'approches innovantes est grand - au moins un patient dépressif sur cinq est résistant au traitement-la question est de savoir quel bénéfice peut offrir l'appareil magnétique. Pour celà, les Instituts nationaux de santé américains mènent de leur côté une étude sur 260 patients, dont on attend les résultats préliminaires dès l'an prochain.
Quantifier le bénéfice est important, étant donné le prix de cette technique (de 6.000 à 10.000 dollars, selon le nombre de traitements dont le patient a besoin), a observé le Dr Philip Janicak, du Centre médical de l'Université Rush de Chicago, qui a participé à l'étude.
Les neuroscientifiques utilisent le TMS depuis des années dans leurs recherches sur le cerveau. Placez un aimant très puissant au-dessus d'une zone spécifique du cerveau, celle qui contrôle la motricité, par exemple, et votre bras peut soudainement et involontairement se mettre à frapper. Au-delà de cet effet spectaculaire, on sait que les impulsions magnétiques déclenchent l'activité cérébrale.
La question était de savoir comment exploiter cette activité de façon à améliorer une dépression. TMS est étudié dans le rétablissement après un accident vasculaire cérébral, et dans d'autres désordres cérébraux.
"Personne ne pensait que ça pourrait marcher. C'était une idée folle. Je devais le faire à 6h du matin, avant que les vrais scientifiques arrivent", se souvient le docteur George en riant.
Mais, "le cerveau est un organe électrique", ajoute-t-il pour en expliquer la logique. "L'électricité est le carburant du cerveau".
Pour traiter une dépression, les psychiatres pointent l'aimant sur la partie gauche de la tête, à hauteur du cortex préfrontal. Comme chaque cerveau est différent, ils visent d'abord le haut de la tête pour trouver la région qui contrôle la motricité d'un patient, avant de se déplacer prudemment de 5cm. Puis, le NeuroStar envoie environ 3.000 pulsations par minute pendant 40 minutes, un traitement effectué à raison de cinq fois par semaine environ, sur six semaines.
La théorie est que la stimulation des cellules cérébrales du cortex préfrontal provoque une réaction en chaîne provoquant à son tour la stimulation très profonde des régions du cerveau impliquées dans l'humeur.
Le TMS s'est montré sans danger: les patients de l'étude NeuroStar n'ont souffert ni d'attaque cérébrale, ni de problèmes de mémoire, comme peuvent provoquer un électrochoc, ni d'autre réaction corporelle, se plaignant uniquement de migraines.
La FDA a autorisé l'appareil après avoir ciblé une petite partie des patients initialement enrôlés: 164 personnes pour qui le traitement par antidépresseurs a échoué, mais pas ceux qui étaient le plus résistants au traitement.
Environ 24% des personnes ayant bénéficié du TMS avaient un meilleur score selon l'échelle de dépression après six semaines, comparé aux 12% traités par placebo. Et pour quelques uns, l'amélioration a été spectaculaire: traité sans succès pour une dépression récurrente depuis l'adolescence, Steve Newman, 60 ans, en était arrivé à envisager des électrochocs.
Après deux semaines de traitement, Newman se demandait encore s'il avait reçu le placebo quand, tout à coup, son état s'est amélioré considérablement. Une amélioration vérifiable sur les échelles. "J'étais éveillé. J'étais là présent", raconte-t-il. Newman continue à recevoir une "dose d'entretien", environ une fois par mois.
Source: http://www.santecheznous.com/channel_health_news_details.asp?news_id=647&news_channel_id=33&channel_id=33&relation_id=43107